Marcel BROODTHAERS - Billet autographe signé à Claude Sluys, son ami et avocat.
Billet manuscrit de 4 lignes, révélateur de l'état de précarité financière de Marcel Broodthaers. Ce dernier demande à son ami Claude Sluys, avocat, de le consulter au sujet d'une lettre comminatoire reçue des Tissages Réunis.
JOINTS:
- Lettre dactylographiée signée, du 2/11/1953 de M. E. Kokkelenberg des Tissages Réunis à Mr Marcel Broodthaers l'informant de son intention de porter plainte auprès du Procureur du Roi.
- Double dactylographié signé d'une lettre de Claude Sluys du 5/11/1953 adressée à M. Kokkelenberg.
- Feuillet imprimé contenant un extrait d'un jugement datant du 21 février 1951 relatif à une escroquerie aux dépens des Tissages Réunis envoyé par M. E. Kokkelenberg, en annexe à sa lettre.
- «Affaire terminée» courte note manuscrite de Claude Sluys faisant état d'un arrangement à l'amiable consistant en un « paiement à tempérament de 200 frs par mois».
Ensemble 5 documents.
Petit dossier qui en dit long sur le profond dénuement qu'a connu Marcel Broodthaers jusqu'à l'âge d'une trentaine d'année.
En ce temps là, comme l'écrit en 1991 Michaël Compton, «Il vivait comme un poète et dans une extrême pauvreté» (catalogue «Marcel Broodthaers», Galerie du Jeu de Paume, 1991 p.302).
Ce que confirment: pour ce qui est du «Poète", une phrase de la lettre de Marcel Broodthaers, à première vue, anodine mais symptomatique de l' apparente insouciance - teintée de cynisme - de sa jeunesse prolongée ( «J'ai reçu une curieuse lettre de menace, je ne sais trop si je dois la prendre au sérieux.» Et pour ce qui en est de sa "Pauvreté», un passage du courrier de Claude Sluys intervenant en tant qu'avocat ( « [ ... ] Monsieur Broodthaers, vous l'ignorez peut-être, se trouve actuellement dans une situation pécuniaire fort difficile, [ ...] » ).
Plus loin, il invoque «l' insolvabilité de son client».
C'est par l'intermédiaire de Magritte, de Nougé et du groupe surréaliste bruxellois qu'il fréquente régulièrement que Marcel Broodthaers fait la connaissance de Claude Sluys.
Confronté à une menace imminente de procès, Marcel Broodthaers se fait défendre par Claude Sluys, alors encore avocat et toujours ami de Paul Nougé. Grâce à cette opportune intervention, le débiteur vraisemblablement insolvable obtient un paiement échelonné de sa dette et échappe ainsi à un procès perdu d'avance.
Claude Sluys (Ixelles 1928-Jette 2005) se lie d'amitié avec Paul Nougé qu'il rencontre lors de l'exode, en 1940, à Cahors. À son retour à Bruxelles, Nougé le présente à ses amis: Magritte, Scutenaire, Marien, ...etc. En 1950, il fait la connaissance de la chanteuse (encore jeune et débutante) Barbara – qu'il épousera en 1953 pour des raisons autant juridiques que sentimentales.
Il l'introduit au cabaret «Le Cheval Blanc» où il officie comme animateur et prestidigitateur.
Il écrit avec Paul Nougé le texte des premières chansons originales de Barbara («L'Avenir est aux Autres», «La Promenade»...) alors accompagnée par la pianiste d'origine géorgienne Ethéry Rouchadze, un temps égérie enjouée de Paul Nougé. Pour laquelle l'auteur de «L'Expérience continue » écrira, toujours en collaboration avec Claude Sluys, le recueil de poèmes « Les Cartes transparentes» (édité, aux Lèvres Nues, par Marcel Marïen en 1972).
(Les documents originaux en rapport avec Marcel Broodthaers antérieurs à la parution de «Mon livre d'ogre» (1957) sont extrêmement rares).