MAMBOUR (Auguste, 1896-1968). Lettre autographe signée à l'éditeur et libraire Pierre Aelberts [1899-1983], 20 septembre 1943, 1 page in-4° (marques de la censure allemande).
Esprit libre et ne tolérant aucune censure, Aelberts avait, au cours de l'Occupation, exposé dans sa librairie liégeoise des ouvrages figurant sur la liste Otto, ce qui lui valut d'être déporté en Allemagne comme réfractaire le 10 juillet 1943, et affecté [S.T.O.] à l'usine Daimler-Benz de Sindelfingen, près de Stuttgart. Il prévint son ami Mambour, qui entreprit de courageuses démarches auprès du S.D. (Sicherheitsdienst), les services de renseignements de Reinhard Heydrich. Le peintre lui donne aussi d'utiles conseils pour agir sur place, et renonce quant à lui à intervenir auprès d'un parti influent mais compromis : « La solution consistant à s'adresser aux Rexistes donnerait peut-être des résultats mais elle a l'inconvénient d'exiger ton adhésion à ce mouvement, ce qui n'est pas très drôle. » Aucune démarche n'aboutit et l'éditeur ne rentra à Liège qu'en mai 1945 (où sa maison avait été pillée, comme de celle de Mambour, d'ailleurs, lui-même emprisonné entretemps pour collaboration). Il s'est trouvé des juges pour considérer ce document comme une preuve de collusion du peintre liégeois avec l'ennemi et le condamner à deux ans de réclusion. C'est une très belle lettre, de portée historique.
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